Avant de devenir des collaborateurs de Lucas et Spielberg (notamment en écrivant les scénarios d'American Graffiti ou du second Indiana Jones), les duettistes Willard Huyck et Gloria Katz démarrèrent comme beaucoup à Hollywood par le biais du cinéma d'horreur à petit budget. Messiah of evil, leur première création, est un série B enfantée dans la douleur et le manque d'argent, jamais complètement finalisée (d'où une narration parfois confuse), qui sombra pendant longtemps dans l'oubli. Les droits du film ayant échoué dans le domaine public, il refit surface outre-atlantique sur de nombreux DVD à bas prix, suscitant l'intérêt croissant des cinéphiles amateurs d'oeuvres obscures. Aujourd'hui l'éditeur Code Red sort enfin Messiah of evil dans une édition digne de ce nom, avec une belle copie respectant le format cinémascope d'origine, et de nombreux suppléments revenant sur la génèse de ce film bizarre.
Si l'histoire rappelle les nouvelles de Lovecraft, et le cultissime Carnival of souls de Herk Harvey, c'est surtout l'aspect visuel qui détonne par rapport à la production de l'époque, Huyck et Katz ayant visiblement été marqués par le cinéma fantastique italien, Mario Bava entre autres. Certains plans baignés de rouge ou de bleu évoquent de façon troublante Suspiria de Dario Argento, tourné quelques années plus tard.
N'allez pas croire pour autant que nous ayons affaire là à un chef d'oeuvre méconnu : Messiah of evil est un film bancal, dont la forme parfois rudimentaire met à mal les ambitions de ses auteurs. Mais paradoxalement ses maladresses finissent par le rendre attachant, renforcant son aspect étrange, et son ambiance de rêve (ou de cauchemar) éveillé. La preuve que certaines oeuvres un peu ratées peuvent malgré leurs défauts résister à l'épreuve du temps au même titre que des classiques reconnus.
lundi 30 novembre 2009
mercredi 14 octobre 2009
All day, all night
"Prince est un has been, il n'intéresse plus personne, ça fait quinze ans que ses disques sont mauvais, etc etc...". Le refrain est connu et répété à satiété par la presse depuis des lustres. Presse qui aura retourné sa veste en un temps record, voyant les 10000 places pour les concerts du Grand Palais s'envoler avec tout autant de rapidité. Oui, Prince en 2009, ça intéresse encore du monde. Beaucoup même. Alors que le formatage musical règne sur les ondes et que l'industrie du disque meurt autant de son manque d'audace que du piratage, il fait plus que jamais figure d'électron libre, jamais là où l'attend, quitte à être parfois carrément à côté de la plaque.
Ne nous leurrons pas cependant, le public du Grand Palais était constitué à 80% de trentenaires et quadras venus retrouver avec un brin de nostalgie un héros de leur adolescence.
Point de passéisme cependant quand "1999" marque le coup d'envoi du premier concert, la beauté et l'aspect atypique du lieu apportant à ce titre composé 27 ans plus tôt une touche intemporelle . La sélection de titres funk balancés sur la sono pour nous faire patienter (James, Marvin, Sly, que des classiques) annoncait clairement l'orientation musicale du patron en ce mois d'octobre. Prince a des envies de groove, veut voir les parisiens danser et pour celà il déploie l'artillerie lourde : ses hits sont de sortie, ceux des autres aussi (Chic, les Doobie Brothers) mais également "Mountains", un inattendu "Girl", et un hommage discret mais bien réel à vous-savez-qui avec "Shake your body down to the ground".
Néanmoins l'image la plus marquante et la plus irréelle, au milieu de tout ce maelström funk, restera pour l'auteur de ces lignes celle de Prince seul à la guitare entamant un émouvant "Sometimes it snows in april" sous le ciel gris d'automne, quelques oiseaux survolant alors la verrière du Grand Palais...
La version nocturne du show se déroulera dans une ambiance bien différente, malgré une setlist identique (avec quelques jokers de taille, tout de même : "Purple rain", "A love bizarre", excusez du peu). Les éclairages transforment l'endroit en un repaire gothique digne du Fantôme de l'opéra, menaçant souvent de faire sombrer l'ensemble dans le kitsch. Heureusement le plaisir de jouer de Prince est communicatif, et s'il a clairement fait une croix sur les chorégraphies qui faisaient une partie de sa force scénique, il compense cela au centuple par une virtuosité guitaristique qui laisse pantois.
Le lendemain, le défilé des petites vedettes de la presse people devant La Cigale ne laisse rien augurer de bon. Pourtant quand le rideau s'ouvre à 22 heures et qu'apparait un Prince radieux entamant une setlist totalement différente de la veille on réalise qu'il va se passer quelque chose de grand... 2h45 plus tard le public est KO debout, après une prestation stupéfiante qui restera dans les annales au même titre que celles vues au Rex Club ou au Bataclan, quinze ans auparavant. Plus humain et enjoué que par le passé, boosté par la réaction d'un public chauffé à blanc, Prince demeure intouchable dans sa façon de captiver une audience et d'insuffler un groove puissant dans chaque note jouée, porté par un groupe plus à l'aise, moins scolaire que le jour précédent. Annihilant toute concurrence à coup de guitare Hohner, ridiculisant les pros de l'autotune avec sa technique vocale saisissante, il donne encore une fois l'impression d'être né pour monter sur scène, le seul endroit où il peut dépasser sa condition de simple mortel. Un endroit où on le sent libre, heureux.. et nous avec.
Ne nous leurrons pas cependant, le public du Grand Palais était constitué à 80% de trentenaires et quadras venus retrouver avec un brin de nostalgie un héros de leur adolescence.
Point de passéisme cependant quand "1999" marque le coup d'envoi du premier concert, la beauté et l'aspect atypique du lieu apportant à ce titre composé 27 ans plus tôt une touche intemporelle . La sélection de titres funk balancés sur la sono pour nous faire patienter (James, Marvin, Sly, que des classiques) annoncait clairement l'orientation musicale du patron en ce mois d'octobre. Prince a des envies de groove, veut voir les parisiens danser et pour celà il déploie l'artillerie lourde : ses hits sont de sortie, ceux des autres aussi (Chic, les Doobie Brothers) mais également "Mountains", un inattendu "Girl", et un hommage discret mais bien réel à vous-savez-qui avec "Shake your body down to the ground".
Néanmoins l'image la plus marquante et la plus irréelle, au milieu de tout ce maelström funk, restera pour l'auteur de ces lignes celle de Prince seul à la guitare entamant un émouvant "Sometimes it snows in april" sous le ciel gris d'automne, quelques oiseaux survolant alors la verrière du Grand Palais...
La version nocturne du show se déroulera dans une ambiance bien différente, malgré une setlist identique (avec quelques jokers de taille, tout de même : "Purple rain", "A love bizarre", excusez du peu). Les éclairages transforment l'endroit en un repaire gothique digne du Fantôme de l'opéra, menaçant souvent de faire sombrer l'ensemble dans le kitsch. Heureusement le plaisir de jouer de Prince est communicatif, et s'il a clairement fait une croix sur les chorégraphies qui faisaient une partie de sa force scénique, il compense cela au centuple par une virtuosité guitaristique qui laisse pantois.
Le lendemain, le défilé des petites vedettes de la presse people devant La Cigale ne laisse rien augurer de bon. Pourtant quand le rideau s'ouvre à 22 heures et qu'apparait un Prince radieux entamant une setlist totalement différente de la veille on réalise qu'il va se passer quelque chose de grand... 2h45 plus tard le public est KO debout, après une prestation stupéfiante qui restera dans les annales au même titre que celles vues au Rex Club ou au Bataclan, quinze ans auparavant. Plus humain et enjoué que par le passé, boosté par la réaction d'un public chauffé à blanc, Prince demeure intouchable dans sa façon de captiver une audience et d'insuffler un groove puissant dans chaque note jouée, porté par un groupe plus à l'aise, moins scolaire que le jour précédent. Annihilant toute concurrence à coup de guitare Hohner, ridiculisant les pros de l'autotune avec sa technique vocale saisissante, il donne encore une fois l'impression d'être né pour monter sur scène, le seul endroit où il peut dépasser sa condition de simple mortel. Un endroit où on le sent libre, heureux.. et nous avec.
lundi 5 octobre 2009
Qui est In, Qui est Out
4 sur 10. C'est la note attribuée au nouvel album de Air, Love 2, par le site américain Pitchfork. Un site qui fait un peu la pluie et le beau temps outre atlantique en matière de rock indé, lançant le buzz autour d'un groupe grâce à une poignée de critiques positives ou stoppant net la carrière d'un disque par le biais d'un "mauvaise note" accompagnée d'une prose sarcastique.
Le lectorat de Pitchfork n'est pas gigantesque, mais beaucoup de blogs musicaux ou de magazines papier vont y piocher les tendances des mois à venir. Et en ce mois d'octobre 2009 la tendance est à des groupes comme The XX ou Girls, doués pour créer des ambiances, nettement moins pour composer la moindre mélodie marquante. Qu'on se le dise, le groupe idéal cette année se doit d'être mou et informe, flou comme un clip pseudo vintage en super 8 hâtivement balancé sur Youtube. Autant dire qu'on est bien loin de l'univers du duo versaillais, que l'on imagine retranché dans son nouveau studio pendant des mois, façonnant avec un soin maniaque ce Love 2 succédant à un Pocket Symphony auxquels certains avaient déjà reproché une certaine froideur.
Alors, qu'est-ce qui a déçu à ce point Nate Patrin, auteur de la chronique de ce nouvel album ? Il nous dit tout d'abord que Air avait réussi dans le passé, de façon quasi miraculeuse, à rendre cool une musique qui à la base, était un peu ringarde et que l'on n'était pas supposer aimer. Euh, attendez, de quel genre de musique parle-t-on au juste ? D'Ennio Morricone, de François De Roubaix, de John Barry, de Serge Gainsbourg ? Des références que peu de groupes revendiquaient à l'époque de Premiers symptômes et de Moon safari, certes, et l'on ne remerciera jamais assez Air d'avoir proposé une alternative aux clones de Nirvana et de Massive Attack qui pullulaient dans les bacs.
Plus loin, Patrin nous apprend que les paroles de Air sont naïves (scoop), leur anglais rudimentaire, les titres de leurs chansons bourrés de clichés... Tout ce qui faisait le charme de leur musique, en somme, semble aujourd'hui jouer contre eux. Hé oui, Moon safari c'était il y a onze ans déjà, il est donc grand temps que Air expérimente le fameux retour de bâton bien connu de tous les artistes influents qui après avoir été portés aux nues par une presse complaisante, se voient ensuite taxés de ringards et poussés vers la sortie au profit des nouveaux chouchous du moment.
Comprenons-nous bien, Nate Patrin a parfaitement le droit de ne pas aimer Love 2 et de nous en faire part, seulement ses arguments sentent comme souvent chez Pitchfork la manoeuvre
grossière, la hype taillée à la serpe. "Allez, dehors Godin et Dunckel, vous commencez à nous embarrasser avec vos disques trop clean, trop mélodieux, trop produits, nous on promeut des mecs en tee-shirts XXL qui ânonnent sur fond de folk souffreteux enregistré sur un dictaphone, comment voulez-vous qu'on soit crédibles après, si on met plus de 5 sur 10 à votre disque, hein, comment ?"
Au fait, il vaut quoi ce Love 2 ? Hé bien je ne l'ai pour l'instant, comme le gars de Pitchfork je suppose, écouté qu'une fois. Trop peu, donc, pour émettre un réel avis; il va à l'instar de ses prédécesseurs tourner de nombreuses fois sur la platine, et restera peut être en haut d'une pile de CD fréquemment écoutés... ou pas. Il aura eu sa chance, au moins, indépendemment des diktats des façonneurs de modes du web, imbus d'eux-mêmes et fiers d'avoir sonné le glas des vieux rock critics de la presse magazine. Pas sûr qu'on aie gagné au change.
Le lectorat de Pitchfork n'est pas gigantesque, mais beaucoup de blogs musicaux ou de magazines papier vont y piocher les tendances des mois à venir. Et en ce mois d'octobre 2009 la tendance est à des groupes comme The XX ou Girls, doués pour créer des ambiances, nettement moins pour composer la moindre mélodie marquante. Qu'on se le dise, le groupe idéal cette année se doit d'être mou et informe, flou comme un clip pseudo vintage en super 8 hâtivement balancé sur Youtube. Autant dire qu'on est bien loin de l'univers du duo versaillais, que l'on imagine retranché dans son nouveau studio pendant des mois, façonnant avec un soin maniaque ce Love 2 succédant à un Pocket Symphony auxquels certains avaient déjà reproché une certaine froideur.
Alors, qu'est-ce qui a déçu à ce point Nate Patrin, auteur de la chronique de ce nouvel album ? Il nous dit tout d'abord que Air avait réussi dans le passé, de façon quasi miraculeuse, à rendre cool une musique qui à la base, était un peu ringarde et que l'on n'était pas supposer aimer. Euh, attendez, de quel genre de musique parle-t-on au juste ? D'Ennio Morricone, de François De Roubaix, de John Barry, de Serge Gainsbourg ? Des références que peu de groupes revendiquaient à l'époque de Premiers symptômes et de Moon safari, certes, et l'on ne remerciera jamais assez Air d'avoir proposé une alternative aux clones de Nirvana et de Massive Attack qui pullulaient dans les bacs.
Plus loin, Patrin nous apprend que les paroles de Air sont naïves (scoop), leur anglais rudimentaire, les titres de leurs chansons bourrés de clichés... Tout ce qui faisait le charme de leur musique, en somme, semble aujourd'hui jouer contre eux. Hé oui, Moon safari c'était il y a onze ans déjà, il est donc grand temps que Air expérimente le fameux retour de bâton bien connu de tous les artistes influents qui après avoir été portés aux nues par une presse complaisante, se voient ensuite taxés de ringards et poussés vers la sortie au profit des nouveaux chouchous du moment.
Comprenons-nous bien, Nate Patrin a parfaitement le droit de ne pas aimer Love 2 et de nous en faire part, seulement ses arguments sentent comme souvent chez Pitchfork la manoeuvre
grossière, la hype taillée à la serpe. "Allez, dehors Godin et Dunckel, vous commencez à nous embarrasser avec vos disques trop clean, trop mélodieux, trop produits, nous on promeut des mecs en tee-shirts XXL qui ânonnent sur fond de folk souffreteux enregistré sur un dictaphone, comment voulez-vous qu'on soit crédibles après, si on met plus de 5 sur 10 à votre disque, hein, comment ?"
Au fait, il vaut quoi ce Love 2 ? Hé bien je ne l'ai pour l'instant, comme le gars de Pitchfork je suppose, écouté qu'une fois. Trop peu, donc, pour émettre un réel avis; il va à l'instar de ses prédécesseurs tourner de nombreuses fois sur la platine, et restera peut être en haut d'une pile de CD fréquemment écoutés... ou pas. Il aura eu sa chance, au moins, indépendemment des diktats des façonneurs de modes du web, imbus d'eux-mêmes et fiers d'avoir sonné le glas des vieux rock critics de la presse magazine. Pas sûr qu'on aie gagné au change.
jeudi 13 août 2009
Festival Pantiéro 2009, le bilan
Chaque été à Cannes, la terrasse du Palais des festivals est investie pendant quelques jours par la crème de musiciens électro et des rockeurs indés. Cadre idyllique, programmation pointue, le Pantiéro est-il à la hauteur de sa réputation de festival défricheur de tendances ? Test grandeur nature en ce début août…
Démarrage sur les chapeaux de roue avec les excellents The Chap dont les chansons aux relents nineties ne sont pas sans évoquer les regrettés Rentals. Le second degré systématique de ces joyeux drilles peut toutefois lasser sur la durée. Un problème qui ne se pose pas avec Fujiya & Miyagi et leur set ludique (paroles cryptées, scénographie façon jeu vidéo 8-bits) mais avant tout drivé par un groove puissant, dans la lignée de Can et autres groupes krautrock des années 70.
De groove il sera également question avec ESG, dont la venue restera indéniablement l’un des temps forts du festival. Le funk avant-gardiste des sœurs Scroggins n’avait guère trouvé d’écho au début des années 80, mais sonne de façon étonnamment actuelle en 2009. Prestation torride, triomphe, rappel (une rareté pour le festival en raison des horaires à respecter pour chaque groupe).
On aimerait s’enthousiasmer autant pour Ebony Bones, la sensation hype du moment se donnant beaucoup de mal pour être à la hauteur du buzz qui l’entoure (jeu de scène pêchu, costumes délirants, gros son). Il lui manque malheureusement des chansons à la hauteur de ses ambitions de popstar globale.
La seconde soirée se distingue par une moyenne d’âge en baisse sur scène comme dans le public. Il est de toute façon préférable d’avoir nettement moins de 20 ans pour apprécier pleinement les pitreries de Naive New Beaters, le rock acnéique de Stuck in the sound ou la techno furieuse de Kap Bambino. Des groupes qui font par ailleurs tous preuve d’une énergie et d’une générosité indéniables sur scène, à défaut de réelle maturité musicale. Plus intéressants, les anglais de Late of the pier dont l’album à mis en émoi la blogosphère il y a peu livrent un concert souvent impressionnant, parfois déconcertant tant les influences les plus disparates semblent se bousculer au sein de leur musique mutante.
Troisième soir placé sous le signe du laptop et du rap à l’anglaise. Après avoir loupé la prestation de Kid Acné (très Beastie Boys dans l’esprit, semble-t-il) on reste un peu perplexe face à celle de Krazy Baldhead, efficace mais trop souvent gâchée par les interventions à côté de la plaque d’un MC de seconde zone. Guère plus brillant, le set de Yo Majesty confirme l’enlisement de la soirée, qui ne se relèvera pas avec l’arrivée de Lady Sovereign dont la vulgarité assumée et les sonorités grime aussi subtiles qu’une division de panzers sont éventuellement supportables après une demi-douzaine de cocktails champagne / redbull (infâme breuvage proposé au bar du festival).
Quatrième et dernier soir démarré en compagnie de The Oscillations, groupe jouant dans la même cour que les new-yorkais Secret Machines : rock lourd, lent, psychédélique et chargé en mauvaises vibrations. Excellent mais un peu hors sujet vu la composition strictement électro du reste de la soirée.
Qui se poursuit avec une grosse claque assenée par Rebotini; l'ex-Black Strobe planqué derrière ses machines vintage envoie une techno « à l’ancienne » d’une puissance et d’une efficacité redoutables.
Le public commence à être chauffé à blanc quand débarque Quentin Dupieux alias Mr Oizo pour un DJ set à la fois complètement putassier (balancer Harder, Better, Faster, Stronger ou Flat beat en 2009, est-ce bien raisonnable ?) et totalement jouissif (le premiers rangs frôlant l’hystérie aux premières notes du tube de Kid Laser). Et puis faisons preuve d'un peu de mauvaise foi: un mix se terminant sur Dirty Mind de Prince ne pouvait pas être mauvais !
En comparaison le DJ set d’Erol Alkan paraissait bien plus sage, plus subtil aussi, mais sa house sombre et sexy concluait de fort belle manière cette édition 2009 un peu bancale.
Démarrage sur les chapeaux de roue avec les excellents The Chap dont les chansons aux relents nineties ne sont pas sans évoquer les regrettés Rentals. Le second degré systématique de ces joyeux drilles peut toutefois lasser sur la durée. Un problème qui ne se pose pas avec Fujiya & Miyagi et leur set ludique (paroles cryptées, scénographie façon jeu vidéo 8-bits) mais avant tout drivé par un groove puissant, dans la lignée de Can et autres groupes krautrock des années 70.
De groove il sera également question avec ESG, dont la venue restera indéniablement l’un des temps forts du festival. Le funk avant-gardiste des sœurs Scroggins n’avait guère trouvé d’écho au début des années 80, mais sonne de façon étonnamment actuelle en 2009. Prestation torride, triomphe, rappel (une rareté pour le festival en raison des horaires à respecter pour chaque groupe).
On aimerait s’enthousiasmer autant pour Ebony Bones, la sensation hype du moment se donnant beaucoup de mal pour être à la hauteur du buzz qui l’entoure (jeu de scène pêchu, costumes délirants, gros son). Il lui manque malheureusement des chansons à la hauteur de ses ambitions de popstar globale.
La seconde soirée se distingue par une moyenne d’âge en baisse sur scène comme dans le public. Il est de toute façon préférable d’avoir nettement moins de 20 ans pour apprécier pleinement les pitreries de Naive New Beaters, le rock acnéique de Stuck in the sound ou la techno furieuse de Kap Bambino. Des groupes qui font par ailleurs tous preuve d’une énergie et d’une générosité indéniables sur scène, à défaut de réelle maturité musicale. Plus intéressants, les anglais de Late of the pier dont l’album à mis en émoi la blogosphère il y a peu livrent un concert souvent impressionnant, parfois déconcertant tant les influences les plus disparates semblent se bousculer au sein de leur musique mutante.
Troisième soir placé sous le signe du laptop et du rap à l’anglaise. Après avoir loupé la prestation de Kid Acné (très Beastie Boys dans l’esprit, semble-t-il) on reste un peu perplexe face à celle de Krazy Baldhead, efficace mais trop souvent gâchée par les interventions à côté de la plaque d’un MC de seconde zone. Guère plus brillant, le set de Yo Majesty confirme l’enlisement de la soirée, qui ne se relèvera pas avec l’arrivée de Lady Sovereign dont la vulgarité assumée et les sonorités grime aussi subtiles qu’une division de panzers sont éventuellement supportables après une demi-douzaine de cocktails champagne / redbull (infâme breuvage proposé au bar du festival).
Quatrième et dernier soir démarré en compagnie de The Oscillations, groupe jouant dans la même cour que les new-yorkais Secret Machines : rock lourd, lent, psychédélique et chargé en mauvaises vibrations. Excellent mais un peu hors sujet vu la composition strictement électro du reste de la soirée.
Qui se poursuit avec une grosse claque assenée par Rebotini; l'ex-Black Strobe planqué derrière ses machines vintage envoie une techno « à l’ancienne » d’une puissance et d’une efficacité redoutables.
Le public commence à être chauffé à blanc quand débarque Quentin Dupieux alias Mr Oizo pour un DJ set à la fois complètement putassier (balancer Harder, Better, Faster, Stronger ou Flat beat en 2009, est-ce bien raisonnable ?) et totalement jouissif (le premiers rangs frôlant l’hystérie aux premières notes du tube de Kid Laser). Et puis faisons preuve d'un peu de mauvaise foi: un mix se terminant sur Dirty Mind de Prince ne pouvait pas être mauvais !
En comparaison le DJ set d’Erol Alkan paraissait bien plus sage, plus subtil aussi, mais sa house sombre et sexy concluait de fort belle manière cette édition 2009 un peu bancale.
mercredi 10 juin 2009
S'en fout la mort
Le 29 mai 1997, Jeff Buckley se noie dans les eaux du Mississipi. Il laisse derrière lui de nombreux fans bouleversés , ainsi qu'une maison de disques que l'on imagine catastrophée de perdre brutalement son poulain qui venait d'effectuer des débuts fracassants avec son premier album. Si l'exploitation post mortem de la musique d'artistes fauchés en plein élan est vieille comme le rock (Jimi Hendrix : trois albums studio publiés de son vivant, des centaines d'autres depuis sa mort), on aura sans doute atteint des records de cynisme et de rapacerie dans le cas de ce pauvre Jeff Buckley. Le problème est que l'avalanche de chutes de studios, maquettes, et concerts apparus sur le marché ces dernières années ne sert guère la mémoire du défunt, contrairement à ce que voudrait nous faire croire sa mère qui supervise l'affaire en se portant garante de l'héritage artistique de son fils.
Pour une poignée d'inédits intéressants disséminés sur le double album Sketches for my sweetheart the drunk, combien d'enregistrements live fatalement redondants, Buckley n'ayant guère eu le temps de mettre au point un répertoire foisonnant avec un unique album au compteur... On croyait avoir atteint le summum avec la sortie d'un best of (!) l'an passé, mais Columbia continue de racler les fonds de tiroirs avec la compilation live Grace around the world qui atterrit ces jours-ci dans les bacs dans pas moins de trois éditions (dvd, cd + dvd, et version deluxe).
Voilà qui redonne surtout envie de reposer sur la platine Grace, la seule et unique œuvre aboutie de son auteur. Un seul album, c'est évidemment trop peu, et terriblement frustrant, mais combien de musiciens auront l'occasion dans toute leur carrière d'enregistrer quelque chose de ce calibre ? Et c'est tout ce qui, espérons le, restera d'ici quelques décennies, quand les vautours auront jeté leur dévolu sur une autre proie et que de nouvelles générations écouteront avec émerveillement pour le première fois So real ou Dream brother.
Pour une poignée d'inédits intéressants disséminés sur le double album Sketches for my sweetheart the drunk, combien d'enregistrements live fatalement redondants, Buckley n'ayant guère eu le temps de mettre au point un répertoire foisonnant avec un unique album au compteur... On croyait avoir atteint le summum avec la sortie d'un best of (!) l'an passé, mais Columbia continue de racler les fonds de tiroirs avec la compilation live Grace around the world qui atterrit ces jours-ci dans les bacs dans pas moins de trois éditions (dvd, cd + dvd, et version deluxe).
Voilà qui redonne surtout envie de reposer sur la platine Grace, la seule et unique œuvre aboutie de son auteur. Un seul album, c'est évidemment trop peu, et terriblement frustrant, mais combien de musiciens auront l'occasion dans toute leur carrière d'enregistrer quelque chose de ce calibre ? Et c'est tout ce qui, espérons le, restera d'ici quelques décennies, quand les vautours auront jeté leur dévolu sur une autre proie et que de nouvelles générations écouteront avec émerveillement pour le première fois So real ou Dream brother.
mardi 19 mai 2009
The boat that (almost) rocked
Au milieu des années 60, alors qu'une bonne partie de la jeunesse britannique cédait aux sirènes du rock'n roll, les radios officielles demeuraient bien frileuses dans leur programmation, et c’est aux radios pirates hébergées sur des navires au large des côtes anglaises que revint le privilège d’accompagner le déferlement de créativité qui s'abattit pendant quelques années sur le monde de la pop music, ces stations devenant de fait les porte-paroles de toute une génération. L'histoire fascinante de ces pionniers offrait un matériau intéressant pour un film; c’est aujourd'hui chose faite avec Good Morning England, titre « français » de The boat that rocked.
Personnages haut en couleurs, casting brillant, bande originale imparable constituée de standards sixties… sur le papier, Good Morning England à tout pour plaire. Pourtant il y a fort à parier que l’amateur de rock sortira de la séance, au mieux frustré, au pire irrité. Where have all the good times gone ?
Le problème se résume au nom du scénariste / réalisateur : Richard Curtis . Pour situer le bonhomme, si vous tombez en allumant votre téléviseur sur une comédie romantique dans laquelle Hugh Grant arbore cet air irritant entre niaiserie et cynisme ayant fait sa renommée, il y a de fortes chances pour que ce soit Curtis qui en ait signé le scénario. On ne s'étonnera donc pas de retrouver dans Good Morning England les grosses ficelles habituelles du "feel good movie" à l’anglo-saxonne. Alors oui, les personnages sont attachants, les dialogues font souvent mouche, et l'ensemble est emballé avec un savoir-faire auquel ne sauraient prétendre la majorité des comédies françaises (ici, sur un sujet similaire, nous aurions sans doute eu droit à Franck Dubosc en animateur de NRJ au début des années 80 lançant trois vannes miteuses sur l’ensemble du film, toutes soigneusement condensées dans la bande-annonce histoire de faire saliver le spectateur lambda).
Difficile pourtant de ne pas tiquer devant la reconstitution rose bonbon des sixties (qui comme chacun le sait était une période dorée ou tout le monde passait ses journées à écouter les Kinks dans la joie et la bonne humeur à l’exception de quelques rabats-joie en costard-cravate). Et quand le générique de fin fait défiler les pochettes de grands classiques de l’histoire du rock, au milieu desquels on reconnaîtra, entre un Nevermind ou un London calling, des albums des Black Eyed Peas (!) ou de Duffy (!!), l‘escroquerie devient manifeste.
A l'instar de ces publicitaires utilisant à longueur d’années les chefs-d'œuvre de la pop en guise de bande-son pour nous vendre leur camelote, Richard Curtis se sert du rock pour mettre un peu de piment dans sa soupe. Good Morning England est un film plaisant mais lisse, nettoyé de tout l'aspect subversif de la contre-culture qu'il prétend dépeindre. L’'Oeuvre définitive sur le sujet reste donc à tourner.
Personnages haut en couleurs, casting brillant, bande originale imparable constituée de standards sixties… sur le papier, Good Morning England à tout pour plaire. Pourtant il y a fort à parier que l’amateur de rock sortira de la séance, au mieux frustré, au pire irrité. Where have all the good times gone ?
Le problème se résume au nom du scénariste / réalisateur : Richard Curtis . Pour situer le bonhomme, si vous tombez en allumant votre téléviseur sur une comédie romantique dans laquelle Hugh Grant arbore cet air irritant entre niaiserie et cynisme ayant fait sa renommée, il y a de fortes chances pour que ce soit Curtis qui en ait signé le scénario. On ne s'étonnera donc pas de retrouver dans Good Morning England les grosses ficelles habituelles du "feel good movie" à l’anglo-saxonne. Alors oui, les personnages sont attachants, les dialogues font souvent mouche, et l'ensemble est emballé avec un savoir-faire auquel ne sauraient prétendre la majorité des comédies françaises (ici, sur un sujet similaire, nous aurions sans doute eu droit à Franck Dubosc en animateur de NRJ au début des années 80 lançant trois vannes miteuses sur l’ensemble du film, toutes soigneusement condensées dans la bande-annonce histoire de faire saliver le spectateur lambda).
Difficile pourtant de ne pas tiquer devant la reconstitution rose bonbon des sixties (qui comme chacun le sait était une période dorée ou tout le monde passait ses journées à écouter les Kinks dans la joie et la bonne humeur à l’exception de quelques rabats-joie en costard-cravate). Et quand le générique de fin fait défiler les pochettes de grands classiques de l’histoire du rock, au milieu desquels on reconnaîtra, entre un Nevermind ou un London calling, des albums des Black Eyed Peas (!) ou de Duffy (!!), l‘escroquerie devient manifeste.
A l'instar de ces publicitaires utilisant à longueur d’années les chefs-d'œuvre de la pop en guise de bande-son pour nous vendre leur camelote, Richard Curtis se sert du rock pour mettre un peu de piment dans sa soupe. Good Morning England est un film plaisant mais lisse, nettoyé de tout l'aspect subversif de la contre-culture qu'il prétend dépeindre. L’'Oeuvre définitive sur le sujet reste donc à tourner.
Une proposition que vous ne pouvez pas refuser
Dans la série « on se demande pourquoi ce film n’est toujours pas sorti pas en France », voici The Proposition, de John Hillcoat.
Australie, fin du 19ème siècle. Le capitaine Stanley (Ray Winstone) est à la poursuite du sanguinaire bandit de grand chemin Mike Burns (Danny Huston). Il parvient à capturer ses deux frères et propose à l’ainé Charlie (Guy Pearce) de débusquer Mike et de le tuer, faute de quoi le benjamin de la famille sera pendu à sa place. Pendant que Charlie part en territoire hostile à la recherche de Mike, Stanley est tourmenté par des dilemmes moraux sous le regard désemparé de sa femme (Emily Watson).
Auteur du sombre Ghosts of the civil dead, John Hillcoat souhaitait mettre en images un western typiquement australien qui lui permettrait de traiter en filigrane de l’histoire tourmentée de son pays, et en particulier des rapports entre aborigènes et immigrants britanniques. Il a confié à son ami musicien Nick Cave la tâche d’en écrire le scénario, et Cave dont c’est le premier travail de ce genre s’est admirablement acquitté de la tâche. L’histoire donne le temps à tous les personnages d’exister, et dépeint sans emphase mais avec beaucoup d‘humanité, les rapports de haine ou d’affection qui les divisent ou les unissent.
Car il est au fond beaucoup question d’amour dans ce film par ailleurs âpre, violent, et formellement très abouti , bénéficiant d’une bande originale envoûtante signée… Nick Cave, évidemment.
On reparlera bientôt de John Hillcoat puisqu’il vient de signer l’adaptation du roman de Cormack McCarthy, La Route, avec Viggo Mortensen dans le rôle principal.
The Proposition est disponible en import blu-ray (non zoné, sous-titré en anglais) édité par First Look Entertainment.
Australie, fin du 19ème siècle. Le capitaine Stanley (Ray Winstone) est à la poursuite du sanguinaire bandit de grand chemin Mike Burns (Danny Huston). Il parvient à capturer ses deux frères et propose à l’ainé Charlie (Guy Pearce) de débusquer Mike et de le tuer, faute de quoi le benjamin de la famille sera pendu à sa place. Pendant que Charlie part en territoire hostile à la recherche de Mike, Stanley est tourmenté par des dilemmes moraux sous le regard désemparé de sa femme (Emily Watson).
Auteur du sombre Ghosts of the civil dead, John Hillcoat souhaitait mettre en images un western typiquement australien qui lui permettrait de traiter en filigrane de l’histoire tourmentée de son pays, et en particulier des rapports entre aborigènes et immigrants britanniques. Il a confié à son ami musicien Nick Cave la tâche d’en écrire le scénario, et Cave dont c’est le premier travail de ce genre s’est admirablement acquitté de la tâche. L’histoire donne le temps à tous les personnages d’exister, et dépeint sans emphase mais avec beaucoup d‘humanité, les rapports de haine ou d’affection qui les divisent ou les unissent.
Car il est au fond beaucoup question d’amour dans ce film par ailleurs âpre, violent, et formellement très abouti , bénéficiant d’une bande originale envoûtante signée… Nick Cave, évidemment.
On reparlera bientôt de John Hillcoat puisqu’il vient de signer l’adaptation du roman de Cormack McCarthy, La Route, avec Viggo Mortensen dans le rôle principal.
The Proposition est disponible en import blu-ray (non zoné, sous-titré en anglais) édité par First Look Entertainment.
dimanche 19 avril 2009
Etre et avoir été
Tout commence par un coup de foudre... une chanson entendue à la radio, un album recommandé par un ami,un concert où vous avez mis les pieds un peu par hasard... Tout d'un coup c'est l'obsession, cet artiste ou ce groupe que vous venez de découvrir parait ne s'adresser qu'à vous, les paroles vous parlent, bientôt c'est la lune de miel, d'ailleurs vous emmenez partout avec vous le baladeur contenant le précieux sésame musical...
Les années passent, l'histoire d'amour perdure mais se fait plus raisonnée, vous prenez un peu de recul et jugez peut être plus sévèrement les nouveaux albums de votre groupe fétiche. Passée une décennie de cohabitation musicale, l'usure commence à se faire sentir, vous lorgnez de plus en plus ouvertement sur ces nouvelles formations dont se gargarisent les magazines. Les rapports avec vos idoles d'antan s'espacent, leurs cd se faisant plus rares sur votre platine... parfois, vous repensez avec nostalgie à ces premiers instants de découverte, ces moments où
la musique vous paraissait une force vitale, irrésistible.
Ceux qui ont été un jour été fans hardcore d'une formation se reconnaitront peut être dans les lignes qui précèdent, notamment si - comme l'auteur de ces lignes - ils ont été adolescents dans les lointaines années 80, et ont vu débarquer en 2009, en l'espace de quelques semaines, de nouveaux albums signés U2, Prince ou Depeche Mode.
Quand on atteint les 30 ans de carrière, la question n'est généralement plus de sortir un chef d'œuvre susceptible de mettre tout le monde à genoux, mais plutôt de produire un album suffisamment digne et efficace pour ne pas ternir une image de légende du rock et atterrir illico dans la catégorie des has been que l'on a vaguement honte d'avoir écouté en boucle à l'époque du lycée. Et à ce petit jeu, certains s'en sortent mieux que d'autres. Depeche Mode par exemple n'a jamais sorti de disque franchement mauvais, même si le mal nommé Exciter de 2001 marquait un certain essoufflement. Le DM cuvée 2009, Sounds of the universe, est plutôt un bon cru. Il se contente certes de synthétiser les différents aspects de la discographie du groupe - electropop sautillante (In sympathy), ballade aux accents gospels (In chains), blues synthétique (Miles away) - mais le songwriting de Martin Gore (renforcé par celui de Dave Gahan depuis Playing the angel) arrive toujours à creuser l'écart avec tous ces petits jeunots influencés par cette vénérable institution qu'est devenu le trio.
Le cas de Prince est plus épineux. Beaucoup de fans lassés par des années d'albums médiocres et une carrière chaotique ont depuis longtemps jeté l'éponge. C'est donc avec la plus grande méfiance que l'on découvre la nouvelle livraison princière, composée de pas moins de trois albums distincts. Passons rapidement sur Elexer (chanté par la dernière "protégée" de Prince en date, une certaine Bria Valente), et MPLSound (orienté funk, globalement consternant) pour nous attarder sur LotusFlow3r, annoncé comme "l'album rock" du lot.
Ce qui n'est pas tout à fait exact puisqu'il s'autorise quelques embardées jazzy sur certains titres. Prince a beau être un authentique guitar hero sur scène, il a rarement fait étalage de ses talents guitaristiques sur un LP complet, à l'exception du très décevant Chaos & Disorder, et du fabuleux (mais pas tout à fait "officiel") The Undertaker.
Ce dernier est d'ailleurs ouvertement cité dès l'intro de LotusFlow3r, clin d'oeil renforcé par la présence de musiciens similaires (l'incroyable section rythmique Sonny T / Michael B). Soyons francs, Prince n'a plus la capacité d'écrire à tour de bras des classiques instantanés et ce n'est certainement pas ce nouvel opus qui va inverser la tendance. Néanmoins, l'ensemble peut s'écouter quasiment en intégralité sans avoir à abuser de la touche next de la télécommande (à l'exception d'un abominable instrumental en milieu de disque). Son hommage à Hendrix, Dreamer, fait même franchement plaisir à entendre avec ses solos de guitare totalement hors norme. Cela suffira-t-il à raviver la flamme chez ses fans déçus, rien n'est moins sûr, mais ceux qui auront fait l'effort de se procurer l'objet pourront se dire, soulagés, que cet album-ci ne prendra au moins pas trop la poussière sur une étagère.
Les années passent, l'histoire d'amour perdure mais se fait plus raisonnée, vous prenez un peu de recul et jugez peut être plus sévèrement les nouveaux albums de votre groupe fétiche. Passée une décennie de cohabitation musicale, l'usure commence à se faire sentir, vous lorgnez de plus en plus ouvertement sur ces nouvelles formations dont se gargarisent les magazines. Les rapports avec vos idoles d'antan s'espacent, leurs cd se faisant plus rares sur votre platine... parfois, vous repensez avec nostalgie à ces premiers instants de découverte, ces moments où
la musique vous paraissait une force vitale, irrésistible.
Ceux qui ont été un jour été fans hardcore d'une formation se reconnaitront peut être dans les lignes qui précèdent, notamment si - comme l'auteur de ces lignes - ils ont été adolescents dans les lointaines années 80, et ont vu débarquer en 2009, en l'espace de quelques semaines, de nouveaux albums signés U2, Prince ou Depeche Mode.
Quand on atteint les 30 ans de carrière, la question n'est généralement plus de sortir un chef d'œuvre susceptible de mettre tout le monde à genoux, mais plutôt de produire un album suffisamment digne et efficace pour ne pas ternir une image de légende du rock et atterrir illico dans la catégorie des has been que l'on a vaguement honte d'avoir écouté en boucle à l'époque du lycée. Et à ce petit jeu, certains s'en sortent mieux que d'autres. Depeche Mode par exemple n'a jamais sorti de disque franchement mauvais, même si le mal nommé Exciter de 2001 marquait un certain essoufflement. Le DM cuvée 2009, Sounds of the universe, est plutôt un bon cru. Il se contente certes de synthétiser les différents aspects de la discographie du groupe - electropop sautillante (In sympathy), ballade aux accents gospels (In chains), blues synthétique (Miles away) - mais le songwriting de Martin Gore (renforcé par celui de Dave Gahan depuis Playing the angel) arrive toujours à creuser l'écart avec tous ces petits jeunots influencés par cette vénérable institution qu'est devenu le trio.
Le cas de Prince est plus épineux. Beaucoup de fans lassés par des années d'albums médiocres et une carrière chaotique ont depuis longtemps jeté l'éponge. C'est donc avec la plus grande méfiance que l'on découvre la nouvelle livraison princière, composée de pas moins de trois albums distincts. Passons rapidement sur Elexer (chanté par la dernière "protégée" de Prince en date, une certaine Bria Valente), et MPLSound (orienté funk, globalement consternant) pour nous attarder sur LotusFlow3r, annoncé comme "l'album rock" du lot.
Ce qui n'est pas tout à fait exact puisqu'il s'autorise quelques embardées jazzy sur certains titres. Prince a beau être un authentique guitar hero sur scène, il a rarement fait étalage de ses talents guitaristiques sur un LP complet, à l'exception du très décevant Chaos & Disorder, et du fabuleux (mais pas tout à fait "officiel") The Undertaker.
Ce dernier est d'ailleurs ouvertement cité dès l'intro de LotusFlow3r, clin d'oeil renforcé par la présence de musiciens similaires (l'incroyable section rythmique Sonny T / Michael B). Soyons francs, Prince n'a plus la capacité d'écrire à tour de bras des classiques instantanés et ce n'est certainement pas ce nouvel opus qui va inverser la tendance. Néanmoins, l'ensemble peut s'écouter quasiment en intégralité sans avoir à abuser de la touche next de la télécommande (à l'exception d'un abominable instrumental en milieu de disque). Son hommage à Hendrix, Dreamer, fait même franchement plaisir à entendre avec ses solos de guitare totalement hors norme. Cela suffira-t-il à raviver la flamme chez ses fans déçus, rien n'est moins sûr, mais ceux qui auront fait l'effort de se procurer l'objet pourront se dire, soulagés, que cet album-ci ne prendra au moins pas trop la poussière sur une étagère.
samedi 18 avril 2009
England's best kept secrets
C'est un vendredi soir au mois d'avril à Paris. Le Bataclan n'affiche pas vraiment complet le temps d'un festival regroupant diverses formations anglo-saxonnes. En tête d'affiche, Elbow, groupe qui en l'espace de quatre albums a séduit un large public outre-manche tout en se mettant la critique dans la poche (ils ont notamment remporté le prestigieux Mercury Prize). En France leurs précédents opus sont sortis dans l'indifférence générale et le dernier en date a mis de longs mois avant d'être distribué en catimini par Universal.
Ce désintérêt du public hexagonal est cependant une aubaine de nombreux fans anglais présents ce soir-là, contents de pouvoir assister à un set de leurs héros dans une salle à taille humaine.
90 minutes époustouflantes plus tard, le mystère reste entier : comment un groupe aussi brillant peut-il décemment rester dans l'ombre de Coldplay (rayon pop guimauve) ou de Radiohead (rayon pseudo-expérimentalo-pouet-pouet) ?
Peut-être à cause du manque de prétention apparente de ces musiciens, dont les chansons sont pourtant mille fois plus aventureuses que celles de la majorité de leurs contemporains, mais ne s'ornent d'aucun vernis branchouillo-people susceptible d'exciter les journalistes de la presse musicale pour bobos (suivez mon regard...).
Même cas de figure pour les Doves, autre groupe dont l'excellence a bien du mal à traverser le chanel. Le chanteur ressemble à Oliver Reed, ses acolytes ont le charisme d'une table en formica; bref,les choses sont mal engagées malgré l'accueil bienveillant réservé à leur second LP, The last broadcast (le troisième étant considéré à tort comme moins réussi).
Ces acharnés ont passé des années en studio à peaufiner leur dernière œuvre, Kingdom of rust. Et cela s'entend, vraiment. Production finement ciselée, morceaux variés, ambiances cinématographiques - l'expression est galvaudée, mais parfaitement adaptée ici. Un album à l'ancienne, dont on ne fait certainement pas le tour en quelques écoutes, et qui ne se consomme pas débité en tranches sur le iTunes store. Autrement dit, une rareté, presque un anachronisme. Souhaitons aux Doves de prendre cette fois leur envol (rien de tel qu'un jeu de mot moisi façon Inrocks pour terminer une chronique musicale écrite à une heure tardive...).
http://www.myspace.com/elbowmusic
http://www.myspace.com/dovesmyspace
Ce désintérêt du public hexagonal est cependant une aubaine de nombreux fans anglais présents ce soir-là, contents de pouvoir assister à un set de leurs héros dans une salle à taille humaine.
90 minutes époustouflantes plus tard, le mystère reste entier : comment un groupe aussi brillant peut-il décemment rester dans l'ombre de Coldplay (rayon pop guimauve) ou de Radiohead (rayon pseudo-expérimentalo-pouet-pouet) ?
Peut-être à cause du manque de prétention apparente de ces musiciens, dont les chansons sont pourtant mille fois plus aventureuses que celles de la majorité de leurs contemporains, mais ne s'ornent d'aucun vernis branchouillo-people susceptible d'exciter les journalistes de la presse musicale pour bobos (suivez mon regard...).
Même cas de figure pour les Doves, autre groupe dont l'excellence a bien du mal à traverser le chanel. Le chanteur ressemble à Oliver Reed, ses acolytes ont le charisme d'une table en formica; bref,les choses sont mal engagées malgré l'accueil bienveillant réservé à leur second LP, The last broadcast (le troisième étant considéré à tort comme moins réussi).
Ces acharnés ont passé des années en studio à peaufiner leur dernière œuvre, Kingdom of rust. Et cela s'entend, vraiment. Production finement ciselée, morceaux variés, ambiances cinématographiques - l'expression est galvaudée, mais parfaitement adaptée ici. Un album à l'ancienne, dont on ne fait certainement pas le tour en quelques écoutes, et qui ne se consomme pas débité en tranches sur le iTunes store. Autrement dit, une rareté, presque un anachronisme. Souhaitons aux Doves de prendre cette fois leur envol (rien de tel qu'un jeu de mot moisi façon Inrocks pour terminer une chronique musicale écrite à une heure tardive...).
http://www.myspace.com/elbowmusic
http://www.myspace.com/dovesmyspace
dimanche 8 mars 2009
Les Hauts de Yoshida
Peu connue en occident, la filmographie de Kijû Yoshida a fait l'an dernier l'objet d'une rétrospective importante au Centre Pompidou. Carlotta édite aujourd'hui une dernière salve de 5 DVD, de laquelle se détache une adaptation des "Hauts de Hurlevent" tournée en 1988. C'est le seul film en costumes de Yoshida, qui bénéficiant de moyens plus importants qu'à l'accoutumée, transpose le roman d'Emily Brontë dans le Japon médiéval. Dans son introduction, Yoshida déclare avoir voulu aller au-delà des cliché romantiques souvent associés aux adaptations de l'œuvre pour raconter, plus qu'une histoire d'amour impossible, une tragédie ou le sexe et le désir jouent un rôle primordial.
Meurtre, suicide, viol, inceste, "Les Hauts de Hurlevents" version Yoshida serait un catalogue de séquences éprouvantes s'il ne s'agissait également d'une œuvre d'une indéniable beauté picturale, chaque plan étant composé avec la plus grande minutie, évoquant le "Château de l'araignée" de Kurosawa dans sa description d'un Japon plongé dans les ténèbres et la superstition.
Un film impressionnant proposé dans une édition DVD soignée, proposant en bonus un intéressant making-of avec de rares images de Yoshida au travail.
Meurtre, suicide, viol, inceste, "Les Hauts de Hurlevents" version Yoshida serait un catalogue de séquences éprouvantes s'il ne s'agissait également d'une œuvre d'une indéniable beauté picturale, chaque plan étant composé avec la plus grande minutie, évoquant le "Château de l'araignée" de Kurosawa dans sa description d'un Japon plongé dans les ténèbres et la superstition.
Un film impressionnant proposé dans une édition DVD soignée, proposant en bonus un intéressant making-of avec de rares images de Yoshida au travail.
dimanche 1 février 2009
2009, année Argento ?
A l’instar de John Carpenter ou George Romero, Dario Argento n’aura bénéficié que d’une reconnaissance tardive de la critique dite "sérieuse", sortant du ghetto réservé aux auteurs de films fantastiques au moment où sa carrière prenait l’eau et qu’il enchaînait des films indignes de son talent. Après le consternant Mother of Tears / La Terza Madre, c’est sans grande impatience que l’on attend son nouveau projet pour 2009, Giallo, un titre qui ressemble fort à un aveu d’impuissance créative, l’homme semblant désormais résigné à rester enfermé dans ce genre qu’il aura façonné quasiment à lui seul durant les années 70.
Et ce sont justement ses géniales œuvres des seventies, aujourd’hui réévaluées, qui vont bénéficier d’un traitement de faveur en 2009 pour leur (re)sortie en vidéo.
L’éditeur US Blue Underground qui proposait déjà en blu-ray Stendhal Syndrome va prochainement nous permettre de visionner en haute définition L’oiseau au plumage de cristal, premier film d’Argento tourné en 1970 et véritable coup de maître, le jeune metteur en scène faisant d’emblée preuve d’une maîtrise visuelle saisissante.
Véritable Saint Graal des Argentophiles, Quatre mouches de velours gris tourné en 1971 était tout simplement invisible depuis de nombreuses années pour d’obscures raisons de droits. Il va enfin bénéficier d’une sortie officielle en DVD zone 1 chez Mya Communication. Une sortie très attendue donc; dans l’immédiat il est possible de se procurer une très belle édition vinyle du score d’Ennio Morricone sur le label Dagored.
Enfin le classique absolu Suspiria va quant à lui sortir en Blu-ray chez nos voisins italiens. S’il est un film d’Argento qui devrait se révéler spectaculaire en haute définition, c’est bien celui là. Encore quelques mois à patienter…
Et ce sont justement ses géniales œuvres des seventies, aujourd’hui réévaluées, qui vont bénéficier d’un traitement de faveur en 2009 pour leur (re)sortie en vidéo.
L’éditeur US Blue Underground qui proposait déjà en blu-ray Stendhal Syndrome va prochainement nous permettre de visionner en haute définition L’oiseau au plumage de cristal, premier film d’Argento tourné en 1970 et véritable coup de maître, le jeune metteur en scène faisant d’emblée preuve d’une maîtrise visuelle saisissante.
Véritable Saint Graal des Argentophiles, Quatre mouches de velours gris tourné en 1971 était tout simplement invisible depuis de nombreuses années pour d’obscures raisons de droits. Il va enfin bénéficier d’une sortie officielle en DVD zone 1 chez Mya Communication. Une sortie très attendue donc; dans l’immédiat il est possible de se procurer une très belle édition vinyle du score d’Ennio Morricone sur le label Dagored.
Enfin le classique absolu Suspiria va quant à lui sortir en Blu-ray chez nos voisins italiens. S’il est un film d’Argento qui devrait se révéler spectaculaire en haute définition, c’est bien celui là. Encore quelques mois à patienter…
Le support qui ne voulait pas mourir
Increvable vinyle… alors que l’industrie du disque va de mal en pis (une affirmation à nuancer, d’après cette enquête du magazine Que Choisir), que la musique se consomme de plus en plus fréquemment sous forme de fichiers numériques stockés sur nos disques durs, et que certains prédisent la disparition pure et simple du CD, voici que les ventes de 45 et 33 tours repartent à la hausse. Le phénomène est particulièrement frappant en Angleterre ou les ventes de vinyl singles talonnent celles des CD 2 titres et où les albums récents bénéficient quasiment tous désormais d’une édition 33 tours. Si le vinyle avait traversé les années 90 avec l’aide des mouvements hip-hop et techno qui l’utilisaient avant tout comme outil de travail, c’est l’engouement actuel pour le rock qui l’aura remis véritablement sur le devant de la scène. Au même titre que la Stratocaster et la paire de Converse, le disque noir fait partie de la panoplie du parfait petit rocker en 2009, apportant une touche de crédibilité vintage. On ne s’étonnera donc pas de voir des gamins de 13 ans fouiller dans les bacs à la recherche d’une réédition d’un obscur groupe sixties chez Gibert un samedi après-midi. Par ailleurs l’arrivée sur le marché de platines audiophiles abordables comme celles de la marque Pro-ject aura permis à un plus large public de découvrir ce que les férus de hi-fi savaient depuis longtemps déjà : contrairement à ce que l’on nous a voulu nous faire croire depuis les années 80, le numérique n’est pas nécessairement la panacée et l’écoute d’un bon pressage sur une platine de qualité offre une expérience auditive souvent plus satisfaisante qu’avec le CD.
Enfin le vinyle demande une attention particulière, nous force à écouter réellement la musique là ou nos iPods ne servent trop souvent qu’à créer une sorte de papier peint sonore constitué d’une interminable liste de morceaux.
Ironie du sort, les majors qui avaient tout fait pour éradiquer telle une mauvaise herbe le vinyle à la fin des années 80 pour le remplacer par le CD veulent aujourd’hui une part du gâteau alors que ce sont de petits labels spécialisés dans les rééditions de qualité (Sundazed, 4 men with beards , Classic records et bien d’autres) qui ont fait prospérer ce marché laissé en friche. Depuis quelques mois une maison de disques universelle met en place chez les disquaires des présentoirs annonçant fièrement des rééditions luxueuses afin de célébrer le « 60ème anniversaire du vinyle ». Un coup d’œil aux références proposées laisse perplexe: certaines pochettes ressemblent à de grossiers agrandissements des livrets des éditions CD, incitant à la méfiance. L’écoute d’une réédition soi-disant audiophile du second album de Roxy Music proposée par EMI confirme l’étendue des dégâts : malgré le pressage « 180 grammes » censé présenter une écoute optimale, la qualité sonore est franchement médiocre et donne la nette impression d’avoir affaire à… un vulgaire repiquage du CD. Une fois de plus les majors prennent leurs clients potentiels pour des vaches à lait, sciant inexorablement la branche sur laquelle elles sont assises …
Merci à Gilles et Angélique pour le lien indiqué plus haut
Enfin le vinyle demande une attention particulière, nous force à écouter réellement la musique là ou nos iPods ne servent trop souvent qu’à créer une sorte de papier peint sonore constitué d’une interminable liste de morceaux.
Ironie du sort, les majors qui avaient tout fait pour éradiquer telle une mauvaise herbe le vinyle à la fin des années 80 pour le remplacer par le CD veulent aujourd’hui une part du gâteau alors que ce sont de petits labels spécialisés dans les rééditions de qualité (Sundazed, 4 men with beards , Classic records et bien d’autres) qui ont fait prospérer ce marché laissé en friche. Depuis quelques mois une maison de disques universelle met en place chez les disquaires des présentoirs annonçant fièrement des rééditions luxueuses afin de célébrer le « 60ème anniversaire du vinyle ». Un coup d’œil aux références proposées laisse perplexe: certaines pochettes ressemblent à de grossiers agrandissements des livrets des éditions CD, incitant à la méfiance. L’écoute d’une réédition soi-disant audiophile du second album de Roxy Music proposée par EMI confirme l’étendue des dégâts : malgré le pressage « 180 grammes » censé présenter une écoute optimale, la qualité sonore est franchement médiocre et donne la nette impression d’avoir affaire à… un vulgaire repiquage du CD. Une fois de plus les majors prennent leurs clients potentiels pour des vaches à lait, sciant inexorablement la branche sur laquelle elles sont assises …
Merci à Gilles et Angélique pour le lien indiqué plus haut
mardi 6 janvier 2009
Les inédits de 2008
Hasard ou frilosité des distributeurs, trois des meilleurs films de 2008 ne sont pas sortis en salles dans l'hexagone. Magie de l'import et d'internet (hum...) il est possible de découvrir ces perles chez soi, en espérant qu'une diffusion au cinéma en 2009 leur permettra de toucher un plus large public.
The Fall - Tarsem Singh
Produit par David Fincher et Spike Jonze, excusez du peu, le second long métrage de Tarsem (après le discutable The Cell - ah, Jennifer Lopez en psy, on en ricane encore) est un réel enchantement visuel tourné aux quatres coins de la planète. Malgré quelques "emprunts" peu discrets à des films tels que Baraka ou La montagne sacrée, The Fall séduit et constitue une sorte de pendant ludique et coloré au Labyrinthe de Pan de Del Toro. Peut être trop enfantin pour le public adulte et trop violent pour les enfants, ce n'est pas le film le plus évident du monde à "vendre" et marketer mais il mériterait largement d'être (re)découvert sur grand écran.
All the boys love Mandy Lane - Jonathan Levine
Malgré un accueil enthousiaste dans les festivals le premier film de Jonathan Levine - dont le second projet The Wackness est lui déjà sorti dans les salles françaises - tarde à faire son apparition et il faut se tourner vers l'angleterre pour se le procurer en DVD ou Blu-ray. C'est d'autant plus inexplicable que cette petite bombe à tout pour séduire nos amis les djeunzes friands de films où des teenagers se font débiter en tranches par un tueur sadique. On est loin toutefois d'un ersatz de Saw puisque le métrage démarre comme une chronique ado mélancolique avant d'effectuer un virage surprenant vers le cinéma d'horreur. Et des surprises il y en bien d'autres dans ce film par ailleurs excellement interpreté, à découvrir d'urgence...
Los Cronocrimenes (Timecrimes) - Nacho Vigalondo
Alors qu'en France "cinéma de genre" rime le plus souvent avec gore idiot ou prétention auteurisante (voire les deux en même temps), nos voisins espagnols alignent avec une régularité de métronome des films fantastiques efficaces et inventifs. Toute une génération de cinéastes talentueux est ainsi apparue; ils se nomment Amenabar, Cerda, Plaza, Balaguero, et on pourra désormais ajouter à la liste Nacho Vigalondo qui frappe fort dès son premier essai avec ce Cronocrimenes en apparence modeste, mais qui maintient le spectateur en haleine du début à la fin grâce à une mise en scène parfaitement maitrisée et surtout un scénario ingénieux digne d'un bon vieil épisode de la Quatrième dimension. Evidemment des producteurs américains sont déjà sur les rangs pour en tirer un remake; aux dernières nouvelles il pourrait bien être réalisé par David Cronenberg...
The Fall - Tarsem Singh
Produit par David Fincher et Spike Jonze, excusez du peu, le second long métrage de Tarsem (après le discutable The Cell - ah, Jennifer Lopez en psy, on en ricane encore) est un réel enchantement visuel tourné aux quatres coins de la planète. Malgré quelques "emprunts" peu discrets à des films tels que Baraka ou La montagne sacrée, The Fall séduit et constitue une sorte de pendant ludique et coloré au Labyrinthe de Pan de Del Toro. Peut être trop enfantin pour le public adulte et trop violent pour les enfants, ce n'est pas le film le plus évident du monde à "vendre" et marketer mais il mériterait largement d'être (re)découvert sur grand écran.
All the boys love Mandy Lane - Jonathan Levine
Malgré un accueil enthousiaste dans les festivals le premier film de Jonathan Levine - dont le second projet The Wackness est lui déjà sorti dans les salles françaises - tarde à faire son apparition et il faut se tourner vers l'angleterre pour se le procurer en DVD ou Blu-ray. C'est d'autant plus inexplicable que cette petite bombe à tout pour séduire nos amis les djeunzes friands de films où des teenagers se font débiter en tranches par un tueur sadique. On est loin toutefois d'un ersatz de Saw puisque le métrage démarre comme une chronique ado mélancolique avant d'effectuer un virage surprenant vers le cinéma d'horreur. Et des surprises il y en bien d'autres dans ce film par ailleurs excellement interpreté, à découvrir d'urgence...
Los Cronocrimenes (Timecrimes) - Nacho Vigalondo
Alors qu'en France "cinéma de genre" rime le plus souvent avec gore idiot ou prétention auteurisante (voire les deux en même temps), nos voisins espagnols alignent avec une régularité de métronome des films fantastiques efficaces et inventifs. Toute une génération de cinéastes talentueux est ainsi apparue; ils se nomment Amenabar, Cerda, Plaza, Balaguero, et on pourra désormais ajouter à la liste Nacho Vigalondo qui frappe fort dès son premier essai avec ce Cronocrimenes en apparence modeste, mais qui maintient le spectateur en haleine du début à la fin grâce à une mise en scène parfaitement maitrisée et surtout un scénario ingénieux digne d'un bon vieil épisode de la Quatrième dimension. Evidemment des producteurs américains sont déjà sur les rangs pour en tirer un remake; aux dernières nouvelles il pourrait bien être réalisé par David Cronenberg...
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