Tout commence par un coup de foudre... une chanson entendue à la radio, un album recommandé par un ami,un concert où vous avez mis les pieds un peu par hasard... Tout d'un coup c'est l'obsession, cet artiste ou ce groupe que vous venez de découvrir parait ne s'adresser qu'à vous, les paroles vous parlent, bientôt c'est la lune de miel, d'ailleurs vous emmenez partout avec vous le baladeur contenant le précieux sésame musical...
Les années passent, l'histoire d'amour perdure mais se fait plus raisonnée, vous prenez un peu de recul et jugez peut être plus sévèrement les nouveaux albums de votre groupe fétiche. Passée une décennie de cohabitation musicale, l'usure commence à se faire sentir, vous lorgnez de plus en plus ouvertement sur ces nouvelles formations dont se gargarisent les magazines. Les rapports avec vos idoles d'antan s'espacent, leurs cd se faisant plus rares sur votre platine... parfois, vous repensez avec nostalgie à ces premiers instants de découverte, ces moments où
la musique vous paraissait une force vitale, irrésistible.
Ceux qui ont été un jour été fans hardcore d'une formation se reconnaitront peut être dans les lignes qui précèdent, notamment si - comme l'auteur de ces lignes - ils ont été adolescents dans les lointaines années 80, et ont vu débarquer en 2009, en l'espace de quelques semaines, de nouveaux albums signés U2, Prince ou Depeche Mode.
Quand on atteint les 30 ans de carrière, la question n'est généralement plus de sortir un chef d'œuvre susceptible de mettre tout le monde à genoux, mais plutôt de produire un album suffisamment digne et efficace pour ne pas ternir une image de légende du rock et atterrir illico dans la catégorie des has been que l'on a vaguement honte d'avoir écouté en boucle à l'époque du lycée. Et à ce petit jeu, certains s'en sortent mieux que d'autres. Depeche Mode par exemple n'a jamais sorti de disque franchement mauvais, même si le mal nommé Exciter de 2001 marquait un certain essoufflement. Le DM cuvée 2009, Sounds of the universe, est plutôt un bon cru. Il se contente certes de synthétiser les différents aspects de la discographie du groupe - electropop sautillante (In sympathy), ballade aux accents gospels (In chains), blues synthétique (Miles away) - mais le songwriting de Martin Gore (renforcé par celui de Dave Gahan depuis Playing the angel) arrive toujours à creuser l'écart avec tous ces petits jeunots influencés par cette vénérable institution qu'est devenu le trio.
Le cas de Prince est plus épineux. Beaucoup de fans lassés par des années d'albums médiocres et une carrière chaotique ont depuis longtemps jeté l'éponge. C'est donc avec la plus grande méfiance que l'on découvre la nouvelle livraison princière, composée de pas moins de trois albums distincts. Passons rapidement sur Elexer (chanté par la dernière "protégée" de Prince en date, une certaine Bria Valente), et MPLSound (orienté funk, globalement consternant) pour nous attarder sur LotusFlow3r, annoncé comme "l'album rock" du lot.
Ce qui n'est pas tout à fait exact puisqu'il s'autorise quelques embardées jazzy sur certains titres. Prince a beau être un authentique guitar hero sur scène, il a rarement fait étalage de ses talents guitaristiques sur un LP complet, à l'exception du très décevant Chaos & Disorder, et du fabuleux (mais pas tout à fait "officiel") The Undertaker.
Ce dernier est d'ailleurs ouvertement cité dès l'intro de LotusFlow3r, clin d'oeil renforcé par la présence de musiciens similaires (l'incroyable section rythmique Sonny T / Michael B). Soyons francs, Prince n'a plus la capacité d'écrire à tour de bras des classiques instantanés et ce n'est certainement pas ce nouvel opus qui va inverser la tendance. Néanmoins, l'ensemble peut s'écouter quasiment en intégralité sans avoir à abuser de la touche next de la télécommande (à l'exception d'un abominable instrumental en milieu de disque). Son hommage à Hendrix, Dreamer, fait même franchement plaisir à entendre avec ses solos de guitare totalement hors norme. Cela suffira-t-il à raviver la flamme chez ses fans déçus, rien n'est moins sûr, mais ceux qui auront fait l'effort de se procurer l'objet pourront se dire, soulagés, que cet album-ci ne prendra au moins pas trop la poussière sur une étagère.
dimanche 19 avril 2009
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire