"Prince est un has been, il n'intéresse plus personne, ça fait quinze ans que ses disques sont mauvais, etc etc...". Le refrain est connu et répété à satiété par la presse depuis des lustres. Presse qui aura retourné sa veste en un temps record, voyant les 10000 places pour les concerts du Grand Palais s'envoler avec tout autant de rapidité. Oui, Prince en 2009, ça intéresse encore du monde. Beaucoup même. Alors que le formatage musical règne sur les ondes et que l'industrie du disque meurt autant de son manque d'audace que du piratage, il fait plus que jamais figure d'électron libre, jamais là où l'attend, quitte à être parfois carrément à côté de la plaque.
Ne nous leurrons pas cependant, le public du Grand Palais était constitué à 80% de trentenaires et quadras venus retrouver avec un brin de nostalgie un héros de leur adolescence.
Point de passéisme cependant quand "1999" marque le coup d'envoi du premier concert, la beauté et l'aspect atypique du lieu apportant à ce titre composé 27 ans plus tôt une touche intemporelle . La sélection de titres funk balancés sur la sono pour nous faire patienter (James, Marvin, Sly, que des classiques) annoncait clairement l'orientation musicale du patron en ce mois d'octobre. Prince a des envies de groove, veut voir les parisiens danser et pour celà il déploie l'artillerie lourde : ses hits sont de sortie, ceux des autres aussi (Chic, les Doobie Brothers) mais également "Mountains", un inattendu "Girl", et un hommage discret mais bien réel à vous-savez-qui avec "Shake your body down to the ground".
Néanmoins l'image la plus marquante et la plus irréelle, au milieu de tout ce maelström funk, restera pour l'auteur de ces lignes celle de Prince seul à la guitare entamant un émouvant "Sometimes it snows in april" sous le ciel gris d'automne, quelques oiseaux survolant alors la verrière du Grand Palais...
La version nocturne du show se déroulera dans une ambiance bien différente, malgré une setlist identique (avec quelques jokers de taille, tout de même : "Purple rain", "A love bizarre", excusez du peu). Les éclairages transforment l'endroit en un repaire gothique digne du Fantôme de l'opéra, menaçant souvent de faire sombrer l'ensemble dans le kitsch. Heureusement le plaisir de jouer de Prince est communicatif, et s'il a clairement fait une croix sur les chorégraphies qui faisaient une partie de sa force scénique, il compense cela au centuple par une virtuosité guitaristique qui laisse pantois.
Le lendemain, le défilé des petites vedettes de la presse people devant La Cigale ne laisse rien augurer de bon. Pourtant quand le rideau s'ouvre à 22 heures et qu'apparait un Prince radieux entamant une setlist totalement différente de la veille on réalise qu'il va se passer quelque chose de grand... 2h45 plus tard le public est KO debout, après une prestation stupéfiante qui restera dans les annales au même titre que celles vues au Rex Club ou au Bataclan, quinze ans auparavant. Plus humain et enjoué que par le passé, boosté par la réaction d'un public chauffé à blanc, Prince demeure intouchable dans sa façon de captiver une audience et d'insuffler un groove puissant dans chaque note jouée, porté par un groupe plus à l'aise, moins scolaire que le jour précédent. Annihilant toute concurrence à coup de guitare Hohner, ridiculisant les pros de l'autotune avec sa technique vocale saisissante, il donne encore une fois l'impression d'être né pour monter sur scène, le seul endroit où il peut dépasser sa condition de simple mortel. Un endroit où on le sent libre, heureux.. et nous avec.
mercredi 14 octobre 2009
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