Avant de devenir des collaborateurs de Lucas et Spielberg (notamment en écrivant les scénarios d'American Graffiti ou du second Indiana Jones), les duettistes Willard Huyck et Gloria Katz démarrèrent comme beaucoup à Hollywood par le biais du cinéma d'horreur à petit budget. Messiah of evil, leur première création, est un série B enfantée dans la douleur et le manque d'argent, jamais complètement finalisée (d'où une narration parfois confuse), qui sombra pendant longtemps dans l'oubli. Les droits du film ayant échoué dans le domaine public, il refit surface outre-atlantique sur de nombreux DVD à bas prix, suscitant l'intérêt croissant des cinéphiles amateurs d'oeuvres obscures. Aujourd'hui l'éditeur Code Red sort enfin Messiah of evil dans une édition digne de ce nom, avec une belle copie respectant le format cinémascope d'origine, et de nombreux suppléments revenant sur la génèse de ce film bizarre.
Si l'histoire rappelle les nouvelles de Lovecraft, et le cultissime Carnival of souls de Herk Harvey, c'est surtout l'aspect visuel qui détonne par rapport à la production de l'époque, Huyck et Katz ayant visiblement été marqués par le cinéma fantastique italien, Mario Bava entre autres. Certains plans baignés de rouge ou de bleu évoquent de façon troublante Suspiria de Dario Argento, tourné quelques années plus tard.
N'allez pas croire pour autant que nous ayons affaire là à un chef d'oeuvre méconnu : Messiah of evil est un film bancal, dont la forme parfois rudimentaire met à mal les ambitions de ses auteurs. Mais paradoxalement ses maladresses finissent par le rendre attachant, renforcant son aspect étrange, et son ambiance de rêve (ou de cauchemar) éveillé. La preuve que certaines oeuvres un peu ratées peuvent malgré leurs défauts résister à l'épreuve du temps au même titre que des classiques reconnus.
lundi 30 novembre 2009
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