4 sur 10. C'est la note attribuée au nouvel album de Air, Love 2, par le site américain Pitchfork. Un site qui fait un peu la pluie et le beau temps outre atlantique en matière de rock indé, lançant le buzz autour d'un groupe grâce à une poignée de critiques positives ou stoppant net la carrière d'un disque par le biais d'un "mauvaise note" accompagnée d'une prose sarcastique.
Le lectorat de Pitchfork n'est pas gigantesque, mais beaucoup de blogs musicaux ou de magazines papier vont y piocher les tendances des mois à venir. Et en ce mois d'octobre 2009 la tendance est à des groupes comme The XX ou Girls, doués pour créer des ambiances, nettement moins pour composer la moindre mélodie marquante. Qu'on se le dise, le groupe idéal cette année se doit d'être mou et informe, flou comme un clip pseudo vintage en super 8 hâtivement balancé sur Youtube. Autant dire qu'on est bien loin de l'univers du duo versaillais, que l'on imagine retranché dans son nouveau studio pendant des mois, façonnant avec un soin maniaque ce Love 2 succédant à un Pocket Symphony auxquels certains avaient déjà reproché une certaine froideur.
Alors, qu'est-ce qui a déçu à ce point Nate Patrin, auteur de la chronique de ce nouvel album ? Il nous dit tout d'abord que Air avait réussi dans le passé, de façon quasi miraculeuse, à rendre cool une musique qui à la base, était un peu ringarde et que l'on n'était pas supposer aimer. Euh, attendez, de quel genre de musique parle-t-on au juste ? D'Ennio Morricone, de François De Roubaix, de John Barry, de Serge Gainsbourg ? Des références que peu de groupes revendiquaient à l'époque de Premiers symptômes et de Moon safari, certes, et l'on ne remerciera jamais assez Air d'avoir proposé une alternative aux clones de Nirvana et de Massive Attack qui pullulaient dans les bacs.
Plus loin, Patrin nous apprend que les paroles de Air sont naïves (scoop), leur anglais rudimentaire, les titres de leurs chansons bourrés de clichés... Tout ce qui faisait le charme de leur musique, en somme, semble aujourd'hui jouer contre eux. Hé oui, Moon safari c'était il y a onze ans déjà, il est donc grand temps que Air expérimente le fameux retour de bâton bien connu de tous les artistes influents qui après avoir été portés aux nues par une presse complaisante, se voient ensuite taxés de ringards et poussés vers la sortie au profit des nouveaux chouchous du moment.
Comprenons-nous bien, Nate Patrin a parfaitement le droit de ne pas aimer Love 2 et de nous en faire part, seulement ses arguments sentent comme souvent chez Pitchfork la manoeuvre
grossière, la hype taillée à la serpe. "Allez, dehors Godin et Dunckel, vous commencez à nous embarrasser avec vos disques trop clean, trop mélodieux, trop produits, nous on promeut des mecs en tee-shirts XXL qui ânonnent sur fond de folk souffreteux enregistré sur un dictaphone, comment voulez-vous qu'on soit crédibles après, si on met plus de 5 sur 10 à votre disque, hein, comment ?"
Au fait, il vaut quoi ce Love 2 ? Hé bien je ne l'ai pour l'instant, comme le gars de Pitchfork je suppose, écouté qu'une fois. Trop peu, donc, pour émettre un réel avis; il va à l'instar de ses prédécesseurs tourner de nombreuses fois sur la platine, et restera peut être en haut d'une pile de CD fréquemment écoutés... ou pas. Il aura eu sa chance, au moins, indépendemment des diktats des façonneurs de modes du web, imbus d'eux-mêmes et fiers d'avoir sonné le glas des vieux rock critics de la presse magazine. Pas sûr qu'on aie gagné au change.
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