dimanche 1 février 2009

2009, année Argento ?

A l’instar de John Carpenter ou George Romero, Dario Argento n’aura bénéficié que d’une reconnaissance tardive de la critique dite "sérieuse", sortant du ghetto réservé aux auteurs de films fantastiques au moment où sa carrière prenait l’eau et qu’il enchaînait des films indignes de son talent. Après le consternant Mother of Tears / La Terza Madre, c’est sans grande impatience que l’on attend son nouveau projet pour 2009, Giallo, un titre qui ressemble fort à un aveu d’impuissance créative, l’homme semblant désormais résigné à rester enfermé dans ce genre qu’il aura façonné quasiment à lui seul durant les années 70.
Et ce sont justement ses géniales œuvres des seventies, aujourd’hui réévaluées, qui vont bénéficier d’un traitement de faveur en 2009 pour leur (re)sortie en vidéo.
L’éditeur US Blue Underground qui proposait déjà en blu-ray Stendhal Syndrome va prochainement nous permettre de visionner en haute définition L’oiseau au plumage de cristal, premier film d’Argento tourné en 1970 et véritable coup de maître, le jeune metteur en scène faisant d’emblée preuve d’une maîtrise visuelle saisissante.
Véritable Saint Graal des Argentophiles, Quatre mouches de velours gris tourné en 1971 était tout simplement invisible depuis de nombreuses années pour d’obscures raisons de droits. Il va enfin bénéficier d’une sortie officielle en DVD zone 1 chez Mya Communication. Une sortie très attendue donc; dans l’immédiat il est possible de se procurer une très belle édition vinyle du score d’Ennio Morricone sur le label Dagored.


Enfin le classique absolu Suspiria va quant à lui sortir en Blu-ray chez nos voisins italiens. S’il est un film d’Argento qui devrait se révéler spectaculaire en haute définition, c’est bien celui là. Encore quelques mois à patienter…

Le support qui ne voulait pas mourir

Increvable vinyle… alors que l’industrie du disque va de mal en pis (une affirmation à nuancer, d’après cette enquête du magazine Que Choisir), que la musique se consomme de plus en plus fréquemment sous forme de fichiers numériques stockés sur nos disques durs, et que certains prédisent la disparition pure et simple du CD, voici que les ventes de 45 et 33 tours repartent à la hausse. Le phénomène est particulièrement frappant en Angleterre ou les ventes de vinyl singles talonnent celles des CD 2 titres et où les albums récents bénéficient quasiment tous désormais d’une édition 33 tours. Si le vinyle avait traversé les années 90 avec l’aide des mouvements hip-hop et techno qui l’utilisaient avant tout comme outil de travail, c’est l’engouement actuel pour le rock qui l’aura remis véritablement sur le devant de la scène. Au même titre que la Stratocaster et la paire de Converse, le disque noir fait partie de la panoplie du parfait petit rocker en 2009, apportant une touche de crédibilité vintage. On ne s’étonnera donc pas de voir des gamins de 13 ans fouiller dans les bacs à la recherche d’une réédition d’un obscur groupe sixties chez Gibert un samedi après-midi. Par ailleurs l’arrivée sur le marché de platines audiophiles abordables comme celles de la marque Pro-ject aura permis à un plus large public de découvrir ce que les férus de hi-fi savaient depuis longtemps déjà : contrairement à ce que l’on nous a voulu nous faire croire depuis les années 80, le numérique n’est pas nécessairement la panacée et l’écoute d’un bon pressage sur une platine de qualité offre une expérience auditive souvent plus satisfaisante qu’avec le CD.
Enfin le vinyle demande une attention particulière, nous force à écouter réellement la musique là ou nos iPods ne servent trop souvent qu’à créer une sorte de papier peint sonore constitué d’une interminable liste de morceaux.
Ironie du sort, les majors qui avaient tout fait pour éradiquer telle une mauvaise herbe le vinyle à la fin des années 80 pour le remplacer par le CD veulent aujourd’hui une part du gâteau alors que ce sont de petits labels spécialisés dans les rééditions de qualité (Sundazed, 4 men with beards , Classic records et bien d’autres) qui ont fait prospérer ce marché laissé en friche. Depuis quelques mois une maison de disques universelle met en place chez les disquaires des présentoirs annonçant fièrement des rééditions luxueuses afin de célébrer le « 60ème anniversaire du vinyle ». Un coup d’œil aux références proposées laisse perplexe: certaines pochettes ressemblent à de grossiers agrandissements des livrets des éditions CD, incitant à la méfiance. L’écoute d’une réédition soi-disant audiophile du second album de Roxy Music proposée par EMI confirme l’étendue des dégâts : malgré le pressage « 180 grammes » censé présenter une écoute optimale, la qualité sonore est franchement médiocre et donne la nette impression d’avoir affaire à… un vulgaire repiquage du CD. Une fois de plus les majors prennent leurs clients potentiels pour des vaches à lait, sciant inexorablement la branche sur laquelle elles sont assises …

Merci à Gilles et Angélique pour le lien indiqué plus haut