Chaque été à Cannes, la terrasse du Palais des festivals est investie pendant quelques jours par la crème de musiciens électro et des rockeurs indés. Cadre idyllique, programmation pointue, le Pantiéro est-il à la hauteur de sa réputation de festival défricheur de tendances ? Test grandeur nature en ce début août…
Démarrage sur les chapeaux de roue avec les excellents The Chap dont les chansons aux relents nineties ne sont pas sans évoquer les regrettés Rentals. Le second degré systématique de ces joyeux drilles peut toutefois lasser sur la durée. Un problème qui ne se pose pas avec Fujiya & Miyagi et leur set ludique (paroles cryptées, scénographie façon jeu vidéo 8-bits) mais avant tout drivé par un groove puissant, dans la lignée de Can et autres groupes krautrock des années 70.
De groove il sera également question avec ESG, dont la venue restera indéniablement l’un des temps forts du festival. Le funk avant-gardiste des sœurs Scroggins n’avait guère trouvé d’écho au début des années 80, mais sonne de façon étonnamment actuelle en 2009. Prestation torride, triomphe, rappel (une rareté pour le festival en raison des horaires à respecter pour chaque groupe).
On aimerait s’enthousiasmer autant pour Ebony Bones, la sensation hype du moment se donnant beaucoup de mal pour être à la hauteur du buzz qui l’entoure (jeu de scène pêchu, costumes délirants, gros son). Il lui manque malheureusement des chansons à la hauteur de ses ambitions de popstar globale.
La seconde soirée se distingue par une moyenne d’âge en baisse sur scène comme dans le public. Il est de toute façon préférable d’avoir nettement moins de 20 ans pour apprécier pleinement les pitreries de Naive New Beaters, le rock acnéique de Stuck in the sound ou la techno furieuse de Kap Bambino. Des groupes qui font par ailleurs tous preuve d’une énergie et d’une générosité indéniables sur scène, à défaut de réelle maturité musicale. Plus intéressants, les anglais de Late of the pier dont l’album à mis en émoi la blogosphère il y a peu livrent un concert souvent impressionnant, parfois déconcertant tant les influences les plus disparates semblent se bousculer au sein de leur musique mutante.
Troisième soir placé sous le signe du laptop et du rap à l’anglaise. Après avoir loupé la prestation de Kid Acné (très Beastie Boys dans l’esprit, semble-t-il) on reste un peu perplexe face à celle de Krazy Baldhead, efficace mais trop souvent gâchée par les interventions à côté de la plaque d’un MC de seconde zone. Guère plus brillant, le set de Yo Majesty confirme l’enlisement de la soirée, qui ne se relèvera pas avec l’arrivée de Lady Sovereign dont la vulgarité assumée et les sonorités grime aussi subtiles qu’une division de panzers sont éventuellement supportables après une demi-douzaine de cocktails champagne / redbull (infâme breuvage proposé au bar du festival).
Quatrième et dernier soir démarré en compagnie de The Oscillations, groupe jouant dans la même cour que les new-yorkais Secret Machines : rock lourd, lent, psychédélique et chargé en mauvaises vibrations. Excellent mais un peu hors sujet vu la composition strictement électro du reste de la soirée.
Qui se poursuit avec une grosse claque assenée par Rebotini; l'ex-Black Strobe planqué derrière ses machines vintage envoie une techno « à l’ancienne » d’une puissance et d’une efficacité redoutables.
Le public commence à être chauffé à blanc quand débarque Quentin Dupieux alias Mr Oizo pour un DJ set à la fois complètement putassier (balancer Harder, Better, Faster, Stronger ou Flat beat en 2009, est-ce bien raisonnable ?) et totalement jouissif (le premiers rangs frôlant l’hystérie aux premières notes du tube de Kid Laser). Et puis faisons preuve d'un peu de mauvaise foi: un mix se terminant sur Dirty Mind de Prince ne pouvait pas être mauvais !
En comparaison le DJ set d’Erol Alkan paraissait bien plus sage, plus subtil aussi, mais sa house sombre et sexy concluait de fort belle manière cette édition 2009 un peu bancale.
jeudi 13 août 2009
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