Le 29 mai 1997, Jeff Buckley se noie dans les eaux du Mississipi. Il laisse derrière lui de nombreux fans bouleversés , ainsi qu'une maison de disques que l'on imagine catastrophée de perdre brutalement son poulain qui venait d'effectuer des débuts fracassants avec son premier album. Si l'exploitation post mortem de la musique d'artistes fauchés en plein élan est vieille comme le rock (Jimi Hendrix : trois albums studio publiés de son vivant, des centaines d'autres depuis sa mort), on aura sans doute atteint des records de cynisme et de rapacerie dans le cas de ce pauvre Jeff Buckley. Le problème est que l'avalanche de chutes de studios, maquettes, et concerts apparus sur le marché ces dernières années ne sert guère la mémoire du défunt, contrairement à ce que voudrait nous faire croire sa mère qui supervise l'affaire en se portant garante de l'héritage artistique de son fils.
Pour une poignée d'inédits intéressants disséminés sur le double album Sketches for my sweetheart the drunk, combien d'enregistrements live fatalement redondants, Buckley n'ayant guère eu le temps de mettre au point un répertoire foisonnant avec un unique album au compteur... On croyait avoir atteint le summum avec la sortie d'un best of (!) l'an passé, mais Columbia continue de racler les fonds de tiroirs avec la compilation live Grace around the world qui atterrit ces jours-ci dans les bacs dans pas moins de trois éditions (dvd, cd + dvd, et version deluxe).
Voilà qui redonne surtout envie de reposer sur la platine Grace, la seule et unique œuvre aboutie de son auteur. Un seul album, c'est évidemment trop peu, et terriblement frustrant, mais combien de musiciens auront l'occasion dans toute leur carrière d'enregistrer quelque chose de ce calibre ? Et c'est tout ce qui, espérons le, restera d'ici quelques décennies, quand les vautours auront jeté leur dévolu sur une autre proie et que de nouvelles générations écouteront avec émerveillement pour le première fois So real ou Dream brother.
mercredi 10 juin 2009
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